Olivier Genoud, Aloïs Godinat

ANTA, ODELI, UTA.

 

3 mai – 3 juin 2006.

 

Olivier Genoud présentait l’année dernière un singulier diptyque. Un entrelacs de figures géométriques noires comme autant d’architectures en perspective constituait une peinture murale. A cet imbroglio de boîtes, jouxtait une frise d’œuvres encadrées d’artistes des années 60/70 (Robert Morris, Douglas Huebler, Richard Long…). Olivier Genoud semblait donc opérer par appropriationet conférer à sa production l’austérité propre au peintre en lettres. En outre, les deux pans avaient en commun la juxtaposition caractéristique des classements par catégories. Bien sûr, à mesure que le spectateur se prêtait au «jeu des sept familles», les analogies se disloquaient et abandonnaient les objets dans une certaine indétermination.

A quoi bon tout cela vous me direz ? La production d’Olivier Genoud ne semble pas se contenter d’une déconstruction des opérations de classification et de leur conséquence autoritaire. Tel un archéologue de la culture, il cherche à produire des corrélations singulières et pertinentes entre des objets en apparence différents. Pour cela, l’artiste opère une mise à plat pour produire des œuvres dont la dimension emblématique – au sens propre du terme – simule une apparente unité qui les préserve de l’hétérogénéité du tableau d’indices.

Savamment concocté donc, l’emblème défie notre capacité à le démembrer et à en envisager les termes et le contenu.

 

La production d’Aloïs Godinat semble d’autant plus variée – cartes 
perforées, papiers peints déchirés, affiches re-photographiées – qu’elle procède d’une exploration du geste: perforer, déchirer, empiler, superposer, agencer en quinconce… A l’image d’une cale en plastique noir imitation bois réalisée en 2005, elle semble consister en un discret basculement. Ainsi lorsque cette œuvre assume sa fonction objective de calage, elle remplit sa fonction sculpturale de basculement. Afin de mieux envisager le travail de Godinat, on pourrait risquer l’hypothèse qu’il soustrait le geste d’une histoire héroïque de la peinture afin de servir ses explorations minimes. Parmi ses diverses présentations, cette cale avait servi à basculer une enceinte qui diffusait un roulement de tambours infini. La promesse d’un final spectaculaire ou d’une information est à jamais suspendue. Les opérations de décentrement initiées par Aloïs Godinat sont autant de gestes modestes qui ont des allures irrésolues d’un roulement de tambours infini et participent ainsi d’une critique métaphorique de l’autorité.

 

Julien Fronsacq

 

1 Olivier Genoud, Gonean, L’Atelier, 2005. Olivier Genoud
2 Représentation d’une autorité ou d’une notion abstraite à l’aide d’objets 
communs.

 

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