Delphine Coindet

ANTIMATIERE

Exposition du 14 janvier au 26 février 2004

 

A première vue, l’œuvre sculpturale de Delphine Coindet semble bien paradoxale. La filiation pourraît aller de Richard Artschwager à Philippe King en passant par Anne Truitt. Cet héritage au sens large serait alors un minimalisme qui se voudrait non-orthodoxe. Elle dessine un monde où Judd se retrouve au royaume de Shrek(1), et où l’espace de Chapi Chapo(2) est campé de meubles Memphis ? La perception de son travail est toujours étrange. L’artiste porte une forte attention à la forme (matière, assemblage, couleur) pour un résultat frôlant pourtant le trompe l’œil voir le piège. En outre, les multiples détails confèrent une dimension générique aux sculptures. Le spectateur est ainsi invité conjointement à une expérience physique et à une manifestation de signes surgies de notre mémoire collective.
Sans constituer l’unique étape préparatoire, la conception est assistée d’un
ordinateur. On comprend alors pourquoi les volumes autant physiques soient-ils sont “imagés” (au sens littéral du terme). “Technologiques”, on peut alors s’interroger sur le rapport que ces sculptures entretiennent avec l’Histoire ? Comme on l’a vu, l’œuvre de Delphine Coindet procède par différences. D’une part, la conception digitale hante le résultat artisanal. D’autre part, l’histoire et le temps de réception renvoyés dos à dos révèlent des durées spécifiques. L’histoire des formes contraste avec le moment d’observation et  favorise l’émergence de narrations projetées à la surface de l’œuvre. Delphine Coindet semble donc élaborer ce que l’on pourraît appeler une “sculpture de l’écart”. Julien Fronsacq

 

(1) Réalisateur Andrew Adamson, Dreamworks, 2001. (2) Chapi Chapo, dessin animé télévisuel consistant en l’animation de figures en pâte à modeler.

 

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